Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/281

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Il est auteur de plusieurs ouvrages de linguistique et de philosophie, et ses derniers écrits sont vantés par les journaux de la libre-pensée.

Il y a quinze jours qu’il devait donner cette conférence. Mais au moment où il allait commencer il est soudainement tombé de son siège comme foudroyé. On l’a transporté chez lui, et les médecins n’ont pas bien connu sa maladie. Enfin, il est mieux, et le voilà qui apparaît sur l’estrade.

C’est un grand vieillard, un peu voûté, anguleux et sec. Il est très nerveux, et dans ses premières phrases il hésite et tremble comme un homme qui n’a pas l’habitude de parler en public. Peu à peu cependant il s’affermit, et il s’aventure dans des démonstrations qui exigent de l’audace.

Après avoir affirmé qu’il est grand temps de parler de Dieu parce que dans vingt ans la France sera athée si l’on ne se hâte de lui inculquer cette connaissance salutaire, il déclare que l’histoire seule peut nous enseigner Dieu, parce qu’elle est la seule science certaine. Toutes les autres branches de l’enseignement humain sont plus ou mois hypothétiques. Mais l’histoire qui se compose de faits est certaine.

J’avais toujours pensé que la théologie est la science de Dieu. Mais M. C. relègue cette science au rang des hypothèses. J’avais toujours cru que l’homme a connu Dieu par la révélation. Mais M. C. affirme qu’il est de science historique certaine qu’il n’y a jamais eu de révélation, que les livres de Moïse sont peu antérieurs à Jésus-Christ, et ont été fabriqués