Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/288

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de la Vie de Jésus ressemble beaucoup à un excellent épicier de Québec. Gros, gras, de taille moyenne, cheveux grisonnants et rares, large visage, nez très proéminent, lèvres épaisses, joues un peu pendantes, menton double et peut-être triple, sans barbe, il eut été un type parfait de ces moines légendaires que leurs ennemis ont représentés comme de si gais viveurs.

Cinq ou six élèves seulement — plus une femme — l’entouraient et prenaient note de sa leçon. Il était debout auprès d’une large planche noire, et tentait d’expliquer à ses rares auditeurs une vieille inscription chaldaïque, je crois. J’avoue que je n’ai pas très bien compris son explication ; mais je m’en suis consolé, par ce que lui-même, arrivé à certain passage de l’inscription, a dû reconnaître qu’il ne pouvait donner qu’une interprétation conjecturale. Il signala plusieurs versions possibles, et finalement déclara qu’il valait mieux mettre un point d’interrogation.

Les élèves mirent consciencieusement leur point d’interrogation, et moi, je mis mon chapeau et sortis.

Laissons M. Renan chercher dans l’étude des langues sémitiques des argumente contre le christianisme — qui saura bien se défendre — et dirigeons nos pas, lecteurs, vers une meilleure école.

Traversons le vaste jardin du Luxembourg, dont les arbres, les fleurs, les pièces d’eau et les statues vont réjouir nos yeux, et nous trouverons au-delà un cercle où nous serons accueillis avec une vive sym-