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VII

SUR LA MER D’IRLANDE.



LA soirée est délicieuse. Le soleil s’est couché resplendissant, et ses derniers reflets colorent de nuances pourprées les côtes d’Irlande qui s’éloignent, et qui bientôt ne nous apparaîtront plus que comme une gigantesque frange d’azur.

Verte Erin, Île des Saints, terre éprouvée, adieu ! Sous la robe printanière et fleurie que Dieu t’a donnée, j’ai vu les blessures que les hommes t’ont faites, j’ai compté tes cicatrices et tes plaies encore saignantes, j’ai entendu ta plainte, semblable à celle de Rachel, et je pars le cœur endolori.

Ton passé et ton avenir se dressent dans mon esprit comme des problèmes insolubles. Ces accents de tes Bardes me reviennent à la mémoire : « Généreux enfants, vos armes sont éclatantes. Réveillez-vous aux cris des alarmes et de la gloire ; combattez pour vos vertes montagnes et pour les bords fleuris des fleuves de votre Île ! »

« Que tardez-vous ? Arrachez aux mains spoliatrices de l’étranger la terre de vos aïeux. Oubliez-