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reine. C’est cet appartement qui fut témoin de tant de larmes et de souffrances de toute nature, qui a vu les chagrins de l’épouse, les angoisses de la mère, les regrets de la veuve et les terreurs de la reine ! Arrêtons nous ici en face de son portrait, suspendu au mur, et rappelons un peu le touchant souvenir de cette martyre dont le sang innocent est retombé sur sa race et l’a éteinte.

Le malheur qui s’est attardé aux jours de Marie Stuart l’a poursuivie jusque dans la mort, et les sectaires qui ont brisé sa vie ont été remplacés par des pamphlétaires qui ont déchiré et souillé sa mémoire. Pendant près de trois siècles, les historiens, les poêtes dramatiques, les romanciers et les journalistes se sont acharnés à la calomnier, et c’est depuis quelques années seulement que des travailleurs consciencieux se sont levés pour venger la vérité et faire briller à la lumière de la justice cette grande figure de l’histoire d’Écosse.

Comme le dit très bien M. Auguste Roussel dans la Revue du Monde Catholique, c’est à la honte des français que le premier cri de la justice ait été poussé dans ce siècle par un Russe, le prince Labanoff. Mais après lui sont venues des plumes françaises qui ont achevé l’œuvre de réparation.

Dans um fort volume qui a eu du retentissement, M. Wiesener a refait le procès de la Reine d’Écosse qu’on croyait jugé en dernier ressort, et à force de patience et d’érudition il a réussi à démolir l’échafaudage de calomnies de l’infâme Buchanan, auxquelles M. Mignet était venu inconsidérément apporter l’autorité de son nom.