Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/12

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aux chefs pour être distribués entre les familles ; et quand le partage fut fait, il prit la parole : « Maintenant, leur dit-il, j’ai la bouche ouverte, (car pour avoir le droit de parler, d’après les coutumes sauvages, il faut d’abord faire un présent), et je vous prie de prêter l’oreille à mes paroles.

« S’il y en a un parmi vous qui puisse dire que pendant les quinze années que j’ai passées au milieu de vous je lui ai donné un mauvais conseil, qu’il se lève et le dise sans crainte. » — Personne ne se leva. —

« Eh ! bien, mes amis, j’ai aujourd’hui un conseil à vous donner : laissez passer les Blancs sur vos terres, et y faire les travaux nécessaires à leur chemin ; ils ne peuvent toujours pas vous les enlever.

« D’ailleurs, ces Blancs qui passent ne sont que des travailleurs, obéissant à des chefs, et c’est avec ces chefs qu’il faut régler la difficulté.

« Je leur ai fait connaître votre mécontentement, et dans quelques jours le Gouverneur lui-même viendra vous voir. Il entendra vos plaintes, et, si l’arrangement qu’il vous proposera ne vous convient pas, il sera temps encore de garder vos terres et d’en expulser les travailleurs… »

Crowfoot — ce sauvage intelligent qui a visité depuis la province de Québec, et que toute la presse a loué — prit alors la parole, et déclara que le conseil du Chef-de-la-Prière était bon, et qu’il faillait le suivre.