Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/175

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probable qu’on verra s’élever bientôt un autre Edmonton sur la rive sud.

À peine étions-nous arrivés à la gare d’Edmonton que nous sommes invités à nous rendre à l’hôtel voisin, et trois adresses y sont présentées aux évêques et à leurs compagnons — l’une par le conseil-de-ville, une autre par les catholiques de langue anglaise, et une troisième par les Canadiens-français et les Métis.

Monseigneur Taché répond aux trois adresses en français et en anglais, avec cette abondance de paroles et d’idées que je ne me lasse pas d’admirer chez lui.

L’archevêque de Saint-Boniface est un des orateurs les mieux doués que j’aie connus, et j’en ai connu beaucoup.

Il a cette sensibilité qui émeut et entraîne les cœurs, cette intelligence nette qui conçoit et énonce avec une clarté qui ne laisse rien dans l’ombre, cette logique et cette chaleur qui produisent la conviction, cette verve spirituelle qui assaisonne les mets délicats qu’il sert à ses auditeurs. Il a l’épigramme, le sarcasme, la gaieté, la couleur ; et, quand le sujet s’y prête, son regard et son sourire illuminent les jets d’esprit qui agrémentent son discours.

Dans notre pays, l’abondance de paroles est un don qu’on rencontre assez fréquemment ; mais il n’en est pas de même des idées, elles sont rares, même dans nos orateurs les plus renommés.