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LE CENTURION

« L’autre jour au temple, quelques-uns de vous l’ont interrogé. Ils lui ont posé directement cette question : « Si tu es le Christ, déclare-le ouvertement. » Il a répondu : « Je vous le dis, et vous ne me croyez pas. » Alors la foule a pris des pierres pour le lapider. Est-ce là de la justice ?

« Sanhédrites, notre devoir est de nous renseigner complètement sur les origines de Jésus de Nazareth, sur sa vie, et plus particulièrement sur ses œuvres, qu’il invoque comme preuves de sa messianité. Si son entreprise est humaine, elle se détruira d’elle-même ; mais si elle est divine, elle triomphera malgré tous vos efforts. »

Un silence glacial accueillit ce discours. Mais pharisiens et sadducéens frémissaient de rage. Les scribes se tournèrent vers Onkelos.

Quoiqu’il fût un des plus jeunes membres de la vénérable assemblée, Onkelos ne pouvait se dispenser d’exprimer son opinion.

On le savait très versé dans la loi mosaïque. On connaissait ses savants ouvrages, et surtout son commentaire du Pentateuque en langue chaldaïque, qui est resté célèbre, et que les Juifs lisent encore.

Il parlait non seulement le grec, sa langue nationale, avec une rare éloquence, mais aussi le latin, le chaldaïque et l’hébreu.

Dévoré d’ambition, très fier de sa culture intellectuelle et de son génie, il s’était déjà fait une position éminente dans la chambre des Scribes, et