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LE CENTURION

volontaires. Seuls peuvent être guéris les aveugles qui désirent voir.

Sur le bord de la route qui conduisait de l’antique Jéricho à la ville nouvelle, deux aveugles mendiants soupiraient depuis bien des années après leur guérison. Quand le cortège approcha au milieu des acclamations populaires, leurs cris déchirants se firent entendre : « Ayez pitié de nous, Seigneur, fils de David. »

Jésus les fit approcher, toucha leurs yeux et les guérit. Puis il continua sa marche, cherchant un gîte pour la nuit. Tout à coup il aperçut un homme de très petite taille qui pour le voir était monté dans les branches d’un sycomore. «Zachée, lui cria-t-il, hâtez-vous de descendre, je vais loger dans votre maison. »

Zachée était un publicain, collecteur du fisc, et comme tel, haï de tous, d’autant plus détesté qu’il était riche. Aussi fut-ce un scandale pour les Juifs de voir Jésus lui demander l’hospitalité, quand il y avait dans la ville des lévites et des nobles qui auraient été si orgueilleux de le recevoir.

Mais Jésus savait que Zachée, qui ne rêvait pas cet honneur, lui avait déjà ouvert son cœur, et serait ravi de lui ouvrir sa maison. Zachée le lui prouva par sa généreuse hospitalité, et en disant à son hôte le lendemain matin : « Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres, et pour tout le tort que j’ai fait, je rends le quadruple. »