Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ainsi se trouve vérifiée, dans la province de Rome, cette observation que, lorsque le patron naturel fait défaut ou ne remplit pas sa fonction, il est remplacé par un patron artificiel ; mais généralement celui-ci ne patronne qu’en vue d’un but étranger au patronage lui-même, par prosélytisme religieux, ou bien en raison d’un intérêt politique ou d’un idéal social. Ceci nous explique pourquoi le patronage artificiel du parti socialiste s’est développé jusqu’ici exclusivement dans la région peuplée. La population stable prête à l’organisation d’un parti politique et l’existence des usages publics permet de tendre à la réalisation de l’idéal collectiviste. Rien de semblable n’est possible actuellement dans l’Agro romano où l’instabilité de la population émigrante est un obstacle sérieux à toute tentative d’organisation. Aussi les socialistes portent-ils tous leurs efforts dans les communes où existe un conflit entre les paysans et les latifundistes, et là le terrain leur est très favorable. J’ai pu m’en convaincre en accompagnant un candidat socialiste pendant la période électorale, en mars 1909 ; les orateurs ne touchaient pas d’autres questions que la question agraire et aux acclamations enthousiastes qui les saluaient, on sentait bien que c’est là pour le peuple des campagnes une question vitale et que toute sa sympathie est acquise à ceux qui la résoudront en sa faveur. Si le parti socialiste n’obtient pas plus de succès aux élections législatives dans la province de Rome, cela tient à l’analphabétisme : pour être électeur, il faut, en effet, savoir lire et écrire ; or, bien rares sont encore les