Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/142

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paysans qui en sont capables. C’est pourquoi les socialistes réclament le suffrage universel intégral : « On vous trouve bons pour être soldats et pour payer les impôts, disent-ils aux paysans, on doit vous trouver bons pour être électeurs. » On reproche souvent aux Ligues de paysans d’être un instrument de désordre et une cause de troubles, d’avoir des tendances et des procédés révolutionnaires. On leur reproche aussi de servir quelquefois les intérêts et les rancunes de leurs chefs. Tout ceci est en partie vrai, mais tout mouvement amène des agitations et cause quelque trouble, et les Ligues ont fait cesser bien des abus. Dans certains villages, le tarif des salaires a été relevé ; ailleurs les habitants ont obtenu la reconnaissance de leurs droits ou ont pu tout au moins formuler leurs revendications. Parmi celles-ci il y en a d’exagérées et d’injustifiées, mais d’autres sont légitimes et triompheront par l’organisation des paysans ; l’éducation sociale de ces derniers n’est pas encore faite ; il n’est donc pas surprenant qu’ils se laissent aller quelquefois à des excès et à des violences mais l’expérience et le temps les assagiront. En tout cas, le résultat le plus évident de la constitution des Ligues et de leur action, surtout peut-être dans ce qu’elle a d’excessif, de révolutionnaire, c’est d’attirer l’attention de l’opinion et des pouvoirs publics sur la question agraire et de montrer qu’il est urgent dans l’intérêt de tous, paysans et propriétaires, d’y apporter une solution.

Nous disions que l’Agro romano était sous le régime de l'anarchie ; on en peut dire autant du