Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/143

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Viterbois. L’anarchie y est même plus manifeste. Les troubles agraires y ont pour cause les incertitudes du droit de propriété, conséquence du mode de travail, de l’exploitation rudimentaire extensive du sol, qui ainsi ne suffit pas à nourrir la population. La crise provient, en effet, d’un manque d’équilibre entre les besoins des habitants qui deviennent chaque jour plus nombreux et la productivité du soi qui reste faible, par suite d’un travail peu intelligent et mal adapté aux nécessités actuelles. Les patrons insouciants ne songent pas à donner au travail agricole une meilleure direction et les paysans mal patronnés et incapables, par leur formation communautaire, de se patronner eux-mêmes cherchent un remède à leurs souffrances, non dans une meilleure organisation de leur travail, mais dans des revendications agraires aboutissant à des désordres et à des jacqueries. De notre excursion dans le Viterbois nous pouvons tirer deux enseignements : le premier, c’est que le droit de propriété fermement établi a sa base dans le travail intelligent et productif ; le second, c’est que le privilège du propriétaire foncier ne se justifie que par la direction opportune et efficace qu’il donne au travail agricole dans le but de faire participer les populations rurales aux avantages de la propriété.

On voit qu’en définitive, si la crise agraire est plus aiguë et plus apparente dans le Viterbois, elle provient des mêmes causes que dans la Campagne romaine. Dans le premier cas, en face du latifundium inculte ou soumis à une faible cul-