Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/174

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sistance matérielle qui leur permettra de tenter leur établissement au dehors, car ils ne resteront pas tous sur le domaine[1]. À Rome, au contraire, personne ne veut quitter le village natal, la misère seule pousse à émigrer pendant quelques mois, au plus pendant quelques années ; si on a passé l’Océan et travaillé en Amérique, on ne désire qu’une chose, revenir au pays. Mais comment vivre au pays puisque la famille n’y possède rien ? On ne peut pas compter sur elle ; on ne peut compter que sur les droits que possède chaque habitant comme membre de la communauté. Aussi considère-t-on les usages publics comme le moyen d’existence primordial ; la vie ne serait pas possible sans eux, c’est pourquoi on veut en réserver le bénéfice à ses enfants. Or, si le domaine collectif, qui en dérive, était partagé, le droit sur la terre n’existerait plus au profit de tout homme qui naît, mais il en faudrait hériter de son père, et cet héritage pourrait faire défaut si le père avait aliéné son domaine. La propriété collective est donc une assurance en faveur des générations futures contre l’imprévoyance et la mauvaise gestion de la génération présente. Reste à savoir si la prime à payer n’est pas trop élevée.

Il est difficile de prévoir ce que donneront les domaines collectifs ; leur institution est encore trop récente. Il est bien vrai que la plupart d’entre eux en Italie remontent à une époque fort ancienne, mais ils consistaient ordinairement en

  1. Cf. Paul Roux, Le Bauer de la Lande du Lunebourg (Science sociale, 23e fasc., 1906).