Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les mains d’un petit nombre les propriétés rurales et de reconstituer un nouveau latifundium plus funeste que le latifundium actuel parce qu’il serait couvert du manteau de la légitimité. Ni partages donc, ni emphytéoses, ni locations, ni répartitions ; mais communautés constituées par communes ou groupes de communes d’après le nombre des associés et d’après l’étendue des terres, et disciplinées avec la forme de la coopération ; communautés autonomes[1]...... » Tel est l’idéal des promoteurs des domaines collectifs. Qu’est-ce que répondent les faits ?

Ils répondent qu’en plusieurs cas les intéressés ont préféré le partage définitif à la communauté ; que, d’autres fois, ils ont réclamé la concession emphytéotique des terres ; que toujours ils procèdent à une répartition annuelle et que parfois ils songent, en vue de l’amélioration des terres et du progrès de l’agriculture intensive, à affermer les terrains pour un long terme ; que presque toujours ils ont accepté l’intervention de la commune dans leur conseil d’administration ; que rares sont les universités qui se sont inspirées de l’idée coopérative pour patronner, soutenir et encourager leurs membres dans la voie du progrès agricole. On a l’impression que le paysan aspire inconsciemment à la petite propriété ; s’il vante la propriété collective, c’est que c’est la seule dont il ait joui jusqu’à présent et qu’elle est en opposition avec le latifundium dont il a horreur, nous savons pourquoi. À ses yeux, le domaine collectif

  1. Cf. Avv. Ettore Giolfi, I demani popolari. Rome, 1906, p. 54.