Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/193

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prescriptions impératives, qu’elles visent surtout à assurer l’approvisionnement de Rome, enfin qu’elles n’ont généralement pas été appliquées et surtout que le but poursuivi, la mise en culture de l’Agro romano, n’a pas été atteint. Les innombrables lois pontificales relatives à l’agriculture dans la Campagne romaine prouvent sans doute la sollicitude des papes pour la subsistance et le bien-être de leurs sujets, mais elles sont aussi une preuve éclatante de l’inefficacité des interventions législatives pour résoudre les problèmes économiques.

La législation pontificale que nous venons de parcourir appelle une observation au sujet du droit accordé à tout citoyen de cultiver le tiers de tout domaine laissé inculte. On argue des décrets de Sixte IV et de ses successeurs, pour affirmer que les usages publics de pâturage et de semailles grèvent toutes les terres de l’Agro romano. Il semble bien, d’après les statuts de l'Ars bobacteriorum, que les usi civici ont dû exister au moyen âge, mais remarquons qu’à cette époque la Campagne romaine n’était pas complètement dépeuplée comme elle l’a été après le XIVe siècle. C’est évidemment en souvenir des anciennes coutumes et sous l’influence des idées communautaires que Sixte IV a proclamé le droit de cultiver les terres d’autrui, mais ce droit n’est pas un droit absolu comme le serait un droit d’usage public, il est subordonné à ce fait que le propriétaire laisse ses terres incultes. Cette dépossession temporaire est décrétée contre lui dans l’intérêt public, pour assurer la nourriture des