Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ciens centres habités du Latium se trouvaient dans des lieux aujourd’hui très malsains ; on en conclut qu’à cette époque, il ne devait pas y avoir de malaria forte. Mais elle sévit d’une façon intense dans la seconde période de la République : Cicéron fait mention de lièvre tierce et quarte ; Caton parle de bile noire et de rate gonflée[1]. Toutefois, il n’y a pas de preuves péremptoires qu’elle existât à Rome au IIIe siècle avant Jésus-Christ. Jones émet l’opinion qu’elle a dû être apportée en Italie par les soldats d’Annibal[2]. À l’époque d’Horace, la fièvre sévissait fortement dans la ville, d’où elle a disparu depuis ; il est vrai que l’impluvium de la maison romaine et les inondations du Tibre étaient alors très favorables au développement des moustiques. Au début de l’ère chrétienne, d’après les auteurs, les environs de Rome étaient malariques et cependant Pline passait avec délices l’été à sa villa de Laurentium[3] ; or, Paterno est aujourd’hui un endroit des plus malsains. Il y avait aussi, sous l’Empire, de nombreuses villas sur le littoral d’Ostie et jusque dans les Marais Pontins où la malaria sévit aujourd’hui avec intensité.

Devant ces témoignages, un peu contradictoires en apparence, on peut admettre comme vraisemblable l’opinion du Prof. Celli qui estime que la malaria a dû exister de tout temps dans la Campagne romaine. D’après les statistiques actuelles,

  1. « Et si atrabilis est et si lienes turgent » (De re rustica, ch. CLVII).
  2. Cf. Jones, op. cit.
  3. « Hæe jucunditas ejus hieme, major estate. »