Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/238

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Nous commencerons notre enquête par un des domaines les plus anciennement mis en valeur. L'abbaye des Trois-Fontaines est bien connue : située dans un petit vallon au Sud de Rome, à trois kilomètres au delà de Saint-Paul-hors-les-Murs, elle est signalée par les plantations d’eucalyptus qui l’entourent et qui l’ont rendue célèbre. On attribuait jadis à cet arbre des vertus merveilleuses contre le paludisme ; on prétendait que ses émanations assainissaient l’air. En réalité, l’eucalyptus n’a aucune action contre la malaria ; il favorise même, comme tous les arbres, la multiplication des moustiques, mais cependant par sa végétation, son feuillage permanent et sa croissance extraordinairement rapide, il évapore beaucoup d’eau et peut de cette façon assainir le sol. Quoi qu’il en soit, la légende de l’eucalyptus a vécu et personne n’en plante plus, si ce n’est comme arbre d’ornement, car son bois filandreux et tordu est détestable et très difficile à fendre.

Les Trappistes français sont venus s’établir aux Trois-Fontaines en 1866 ; ils ne possédaient alors autour du couvent que le vol du chapon. Les terres voisines qui appartenaient à des religieuses du Saint-Sacrement furent confisquées par l’État italien vers 1873. Les Trappistes les prirent en emphytéose et au bout de trois ou quatre ans rachetèrent leur redevance et devinrent propriétaires définitifs. Ils n’ont jamais accepté aucun plan de bonification élaboré par les commissions gouvernementales mais leur domaine n’en est pas moins en pleine valeur. Vers 1882, on fit aux Trois-Fontaines l’essai de la main-d’œuvre pénale