Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/255

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droits les plus malariques du pays, ne l’est plus guère grâce à l’assainissement et au traitement préventif par la quinine[1]. Parfois quelques ouvriers sont atteints, ordinairement après des libations excessives. Quant à l’ennui, les hommes ont trop à faire pour l’éprouver, et les femmes habituées à vivre à la campagne savent se suffire à elles-mêmes. Une jeune fille consacre plusieurs heures chaque jour à faire la classe aux enfants ; aussi la tâche des instituteurs qui viennent le dimanche à Pantano est-elle très facilitée[2]. On a aussi organisé une école du soir, dotée d’une bibliothèque par un généreux donateur qui, par malheur, ne semble pas en avoir choisi très judicieusement les volumes : la Divine Comédie, la Jérusalem délivrée, des ouvrages de Tolstoï et de philosophes allemands !

Ce qui fait la supériorité et le succès des Lombards apparaît ici clairement : c’est l’aptitude à la vie rurale et à l’isolement sur une ferme. Cela leur permet d’utiliser pleinement leur intelligence et leurs connaissances techniques ; ils ne craignent pas de se lancer dans une entreprise nouvelle, car ils la dirigent eux-mêmes, en suivent tous les détails et en restent maîtres. Tandis

  1. Dans le contrat intervenu entre la commune de Monte Compatri et son médecin Pantano est exclu du service de ce dernier parce que c’est un endroit éloigné et malarique ! À force d’instances, le médecin consent cependant à venir, mais il faut lui envoyer un cheval la veille et le reconduire. En été, on a heureusement à Torre Nuova une station de la Croix-Rouge dont le médecin vient tous les deux jours.
  2. Pour l’école du dimanche, les fermiers ont construit une grande hutte à proximité du village de cabanes.