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breuse et plus riche et que, par conséquent, la consommation locale sera plus considérable.


Les effets de la colonisation. — Nous venons de voir par qui et comment s’opère la transformation de l’Agro romano. Il nous faut maintenant passer en revue les effets sociaux de la colonisation.

Tout d’abord, le lieu est radicalement transformé : les eaux sont disciplinées et la steppe fait place aux cultures variées. La conséquence immédiate de cette transformation est un changement dans les conditions hygiéniques du pays : la malaria tend à disparaître.

Les modifications apportées au travail sont profondes et durables : l’art pastoral est remplacé par la culture intensive. Celle-ci, il est vrai, a pour but principal l’entretien du bétail, mais ce bétail n’est pas le même : la vache remplace la brebis et les moyens mis en œuvre pour son exploitation diffèrent totalement de ceux qui sont en usage chez les pasteurs transhumants. Non seulement le mode de travail est changé et son objet modifié, mais l'outillage est devenu plus compliqué et plus coûteux et son emploi exige des aptitudes que les anciens guitti ne possèdent pas toujours[1]. Quant à l'atelier, il n’a pas subi de modification quoiqu’on puisse entrevoir une tendance à en réduire l’étendue. En fait, comme une

  1. Un propriétaire me racontait qu’il avait acheté une charrue Sack, mais que ses ouvriers étaient incapables de s’en servir et qu’il n’avait pas pu le leur apprendre ; ils s’obstinent à employer cette charrue perfectionnée comme leur ancien araire virgilien.