Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/35

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n’a aucun goût pour la vie rurale et visite rarement ses propriétés. Il est même étrange de voir cette indifférence pour les choses de la campagne s’allier à l’amour des vastes possessions terriennes. Jadis, au XVIIIe siècle, les grands propriétaires faisaient valoir leurs biens par l’intermédiaire d’un administrateur ; plus tard, lorsqu’au commencement du XIXe siècle la culture du blé, devenue très rémunératrice, se développa davantage, le fermage devint la règle générale.

« Les ancêtres des « mercanti di campagna » actuels étaient de simples pasteurs qui descendaient des montagnes avec leurs troupeaux pour hiverner dans la Campagne romaine, supportant toutes les fatigues et toutes les peines de la vie nomade. Certains richards qui aujourd’hui parcourent le Corso et font stationner leurs voitures devant les portes de Montecitorio ne pourraient suspendre aux murs de leurs salons trois ou quatre portraits d’ancêtres sans retrouver le pasteur, sans évoquer le souvenir de la vie bucolique de l’aïeul guidant un troupeau entre les Abruzzes et la Campagne romaine…

« Le riche fermier d’aujourd’hui veut paraître civilisé à tout prix ; il a voyagé, autant du moins que cela est nécessaire pour dire qu’il a vu le monde ; il parle péniblement une ou deux langues étrangères et introduit dans le dialogue des mots français ; il orne sa demeure avec un luxe pompeux et voyant, sans réussir à y créer le confort et sans arriver à la rendre commodément habitable. Il a des chevaux de course et promène dans les rues de Rome les plus beaux équipages ; il