Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/48

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locations se font pour l’année seulement ; il ne prend pas racine dans le sol, il ne fait qu’y passer comme ses brebis. Son vrai pays, c’est la montagne, c’est le petit village où vit sa famille et où il possède sa maison et son champ. Mais il en jouit bien peu de son champ et de sa maison, et la vie de famille n’a jamais pour lui qu’une durée éphémère. C’est aussi dans la montagne que l’élevage des brebis a pris naissance, il est une conséquence des conditions du lieu et de la nature des pâturages.

Pour étudier les villages de montagne qui envoient des émigrants dans la Campagne romaine, nous allons établir notre quartier général à Subiaco, à l’Est de Rome, dans la vallée supérieure de l’Anio. Le Sublaquois est situé sur les confins de la Sabine et de la Ciociaria[1]. Les femmes y portaient jadis un riche costume qui a disparu, mais elles affectionnent toujours les couleurs ’• vives, portent encore sur le corsage des corsets rouges, bleus ou noirs, ont au cou des colliers de corail, et de longues boucles d’oreilles en or leur pendent sur les épaules même pendant la semaine. Elles se mettent sur la tête un châle ou une étoffe blanche pliée en carré et tombant sur la nuque ; c’est la coiffure classique des Italiennes représentées par les peintres. L’œil curieux de pittoresque reçoit ici pleine satisfaction, mais le voyageur désireux de confortable n’en éprouve

  1. C’est sons ce nom qu’on désigne le pays dont Frosinone est le centre et dont les habitants portent comme chaussures les ciocie, sortes de sandales en cuir souple retenues par des courroies enroulées autour de la jambe.