Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/51

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son maire et son curé. C’est une sorte de fonctionnaire, payé plus ou moins grassement sur les fonds communaux, qui doit gratuitement ses soins aux habitants qui ne paient pas d’impôts, en réalité à tout le monde. Les malades doivent payer les médicaments, mais, en fait, il faut bien les donner aux indigents sous peine de rendre l’assistance médicale inefficace. Il ne semble pas que ce soit une existence bien enviable que d’être médecin à Cervara ; les ressources locales, intellectuelles ou matérielles, sont nulles, et on est à quatre heures de marche de Subiaco par un sentier muletier. On doit mener là une vie tranquille et somnolente de marmotte hivernante. Le service n’est heureusement pas trop pénible, car tous les habitants sont groupés au village ; il n’y a que quelques rares maisons isolées. Le médecin a un mois de congé pendant lequel il est remplacé aux frais de la commune ; il peut naturellement se faire payer ses soins par les personnes aisées, mais dans les pays de montagne c’est là une ressource illusoire et il faut se contenter des 2 000 francs alloués par la commune.

C’est de Cervara qu’est originaire le propriétaire de la masseria que nous avons vue à Lunghezza, c’est là aussi qu’il recrute une partie de ses bergers, les autres sont de Cappadocia, sur le versant oriental de la montagne. Cervara compte 308 familles formant un total de 1 631 habitants ; il y a une cinquantaine de naissances pour 20 à 30 décès » cependant la population n’augmente plus sensiblement, car dans ces dernières années beaucoup de jeunes hommes se sont fixés à Rome ou dans