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l’église, banal monument du XVIIe siècle. L’ancienne église à demi-ruinée dresse son campanile à l’autre extrémité du village, à pic sur la vallée[1] On ne voit partout que des rochers au milieu desquels quelques moutons cherchent leur vie, mais, sur le plateau, on trouve les champs et les pâturages qui appartiennent soit aux particuliers soit à la commune. Les propriétés privées sont soumises à la vaine pâture, ce qui oblige à un assolement invariable : on cultive le maïs, puis le froment et on laisse le sol en jachère pendant deux ans. Pour que la vaine pâture ne soit pas un droit illusoire, il faut que l’ordre de succession des cultures soit le même pour tous les champs d’un même quartier. On voit Lien encore ici les restrictions que l’art pastoral apporte au droit de propriété.

Il y a, à Jenne, des propriétaires libres et des emphytéotes à trois générations relevant du couvent de Sainte-Scolastique qui possédait jadis presque tout le Sublaquois. La mense paroissiale possède aussi 23 hectares cédés en emphytéose. Cette forme de tenure subit une crise, car la loi ne permet plus la constitution d’emphytéose pour trois générations : toute emphytéose est aujourd’hui rachetable ; il s’ensuit que beaucoup de propriétaires se refusent à en constituer dans la crainte de voir une parcelle située au milieu de

  1. C’est un caractère des Apennins d’avoir un profil très accentué et des pentes très abruptes ; cela tient à l’âge géologique récent de ces montagnes qui, datant de l’époque tertiaire, souvent même du pliocène, n’ont pas encore subi une longue érosion.