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la montagne, mais en octobre, outre les émigrants d’hiver, descendent de la Sabine et de la Ciociaria des vendangeurs et des cueilleurs d’olives qui, après un court séjour dans les pays viticoles, retournent chez eux. Il y a, en somme, un incessant va-et-vient entre les montagnes de la province de Rome, d’une part, l’Agro romano et les régions à cultures arborescentes, d’autre part.

Le fait de l’émigration a une importance capitale pour l’étude de la question agraire dans la Campagne romaine. Il prouve que l’Agro romano. bien que soumis à une exploitation des plus extensives, a besoin d’une main-d’œuvre assez considérable, et ce besoin augmenterait beaucoup si la culture devenait intensive ; il prouve aussi qu’il y a en Italie une foule de pays dont la population surabondante, ou égard aux ressources locales, doit chercher ailleurs des moyens d’existence[1]. Par suite des conditions de la propriété ces émigrants ne peuvent pas se fixer dans la Campagne romaine ; leur existence reste précaire et incertaine. C’est là proprement ce qui constitue ici la crise agraire.

Pour étudier comme il le mérite, le phénomène de l’émigration, il faudrait observer chacun des pays qui envoient les démigrants dans la Campagne de Rome, en analyser les conditions sociales, voir quels problèmes se posent devant les populations, comment et dans quelle mesure l’émigra-

  1. C’est ce qu’établit fort bien la publication de l’Office du travail citée plus haut. Les courants migratoires ne se limitent pas à la province de Rome, mais s’étendent, suivant la saison, à la Capitanate, à la Lombardie, à la Basilicate, à la Sicile, etc.