Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/82

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Pour qu’un caporal puisse supporter de pareilles pertes, il faut qu’il fasse en temps normal des gains considérables ; aussi notre homme, après avoir travaillé pendant trente-six ans, est-il devenu un des propriétaires les plus importants de son village. Il a maintenant cinquante-quatre ans ; retiré des affaires depuis quelques années, il a acheté des terres qu’il améliore et qu’il plante en oliviers. Il y a en lui l’étoffe d’un petit patron. Il jouit de la considération générale et est conseiller municipal.

Bien entendu, un caporal qui engage (1 600 ouvriers, l’effectif d’un régiment, a besoin d’aides et de sous-ordres ; ce sont les caporaletti ou fattoretti qui, sur ses indications, pour son compte et avec son appui financier, engagent des hommes dans les villages voisins, les mettent en route, les installent sur l’atelier de travail, les dirigent et les surveillent. Ils sont rémunérés par le caporal, mais ne se font pas faute, s’ils le peuvent, de prélever une dîme sur les ouvriers.

Non seulement il y a de gros et de petits caporaux, mais il faut aussi faire la différence entre les caporaux qui fournissent des journaliers et ceux qui fournissent des colons. Les premiers sont astreints à la résidence dans l’Agro pendant tout le temps des travaux ; ils doivent toujours être présents pour recevoir les ordres du fattore, guider et surveiller leur bande ; les seconds vont installer les familles des colons sur le tènement qui leur est affecté, répartissent le terrain entre elles, leur distribuent les semences et les avances en grain nécessaires pour leur nourriture, puis ils retour-