Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/88

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que la culture du blé ne les absorbe pas. Si on a besoin, à certains moments, d’ouvriers supplémentaires on traite directement avec eux. On voit, par cet exemple, que la culture intensive a pour effet de supprimer les entrepreneurs de main-d’œuvre en fixant au sol une population stable qui suffit à peu près à tous les travaux. Mais il faut remarquer qu’ici le fermier, le patron, réside sur le domaine, qu’il en dirige personnellement l’exploitation et qu’il est en contact direct avec tous ses employés et ouvriers : en un mot, il remplit son rôle de patron.

Cela ne suffit pas toujours. Bien que plusieurs autres agriculteurs lombards ou piémontais aient réussi à se passer de l’intermédiaire des caporaux, certains n’y sont pas encore parvenus. C’est le cas des fermiers de Pantano. Il y a sur ce domaine cinquante-quatre familles qui cultivent le blé en colonage et qui fournissent des journaliers. Au début, les fermiers, qui sont Lombards, ont voulu supprimer les intermédiaires, mais ils n’ont plus trouvé d’ouvriers. Ceux-ci qui étaient, probablement à cause de dettes antérieures ou par crainte de se trouver un jour sans travail, sous la dépendance des caporaux, les ont suivis ailleurs et ne sont pas revenus sur le domaine. Les fermiers ont dû de nouveau s’adresser à des caporaux. On ne peut pas imputer cet échec aux patrons qui ont la même formation sociale que ceux que j’ai cités plus haut, qui ont les mêmes idées, poursuivent le même but et emploient les mêmes méthodes. Il en faut rechercher la cause dans ce fait que la mise en valeur de Pantano est moins avan-