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merveilleux organe d’entente universelle. Les progrès de l’Esperanto en démontrent la valeur. On éprouve une certaine admiration en voyant se réaliser enfin, pour la première fois depuis qu’il y a des hommes, cette idée que de siècle en siècle avaient poursuivie tant de nobles intelligences, forcées un jour, en désespoir de cause, de l’abandonner à son vol de chimère. Mais le doute succède à l’admiration quand du point de vue général on a reconnu l’insignifiance de ces progrès.

Il n’y a qu’à se féliciter assurément de la propagation de l’Esperanto à travers les deux mondes. Qu’au titre de simples particuliers ou à celui de physiciens, de chimistes, d’avocats, de médecins, de professeurs, de commerçants, d’industriels, de socialistes, de catholiques, de philatélistes, etc., des hommes aient étudié isolément ou par groupes la nouvelle langue, qu’ils soient rédacteurs ou abonnés de ses périodiques, producteurs ou acheteurs de sa littérature, qu’ils aient enrichi ses vocabulaires et pris part à ses congrès, ils ont travaillé autant que possible pour la meilleure des causes, ils ont fait une œuvre préalable qui était indispensable et qui est la base solide des développements ultérieurs ; mais tant que l’Esperanto n’est su que de ces gens-là, il est su par des gens auxquels il n’est peut-être pas indispensable.

Cela est vrai pour deux raisons. Quelquefois les espérantistes connaissent outre leur langue maternelle la langue d’un pays étranger, et ces ressources leur suffisent dans l’évolution qui entraîne les peuples les uns vers les autres. En second lieu, le plus grand nombre des espérantistes ne voyagent pas. Si pour des relations internationales ils emploient la nouvelle langue, c’est ordinairement sous la forme écrite. Or, l’expérience le prouve à chaque instant, quand on écrit à l’étranger, on peut presque toujours user de sa langue maternelle. Les deux