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est le génie de l’Esperanto, a-t-on demandé ? Le voilà, c’est le génie humain. Le docteur Zamenhof n’a pas voulu signifier autre chose en parlant à Cambridge de l’idée interne de l’Esperanto.

Eh bien, il faut réaliser cette idée interne. Je crois en avoir proposé le meilleur moyen. Je suis parti de cet axiome naïf et vieux comme le monde, à savoir qu’on agit dans le sens de la fraternité universelle en s’aidant les uns les autres. Rapportant cette maxime à la société moderne j’ai dit, et c’est un axiome pédant, qu’on travaille au rapprochement pacifique des nations en développant le commerce international. J’ai conclu à bon droit que, la région voisine du Moresnet étant le carrefour des plus grandes routes de ce commerce, il y fallait créer un institution propre à le développer. Comme une partie du Moresnet est un territoire neutre entre des nations, j’ai prétendu que cet établissement y aurait son siège naturel, puisqu’il doit être international. J’ai ajouté que la langue de ce pays serait l’Esperanto parce que ce pays minuscule serait avant tout une réunion publique d’hommes aux langues différentes, parce que de ces langues ils tendraient à dégager l’Esperanto, parce que un enseignement gratuit les y aiderait, parce que les 10 administrateurs du Moresnet-Neutre adopteraient la langue des administrés prépondérants, une langue qui exige un mois d’étude.

Jusqu’à ce point on m’a très bien suivi, car j’ai énoncé beaucoup d’axiomes. Mais est-il vrai que de là je passe à une chimère en soutenant que le Moresnet-Neutre pourrait aux yeux des géographes, des historiens et de tous les hommes devenir un État espérantiste ?

Il n’aura plus à le devenir, il le sera, puisque gouvernés et gouvernants auront adopté l’Esperanto. Il sera même une nation espérantiste le jour prochain où