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SON INTRODUCTION EN FRANCE 141

de la platebande ; on refendra ce billon un mois ou six semaines après, et on piquera beaucoup pour remplir les raies qu’on avait faites en premier lieu ; ensuite on renversera de la terre jusques sur le pied des Pommes. Si les terres sont sableuses et légères on pourra faire ce labour sur un arpent en trois ou quatre heures et avec un seul cheval.

» On met les Pommes en terre à la fin d’Avril ou au commencement de Mai, et on les arrache ordinairement dans le mois d’Octobre suivant. Ces Pommes doivent être conservées dans un cellier et garanties de la gelée.

» En suivant cette méthode, M. de Villiers-en-Lieu a recueilli jusqu’à 330 à 340 boisseaux par journal, et M. de Chozanne a eu 400 boisseaux par arpent.

» Cette racine est d’un rapport surprenant : elle sert utilement pour la nourriture et l’engrais des bestiaux. On fait cuire ces Pommes dans l’eau ; et il ne leur faut que quelques bouillons pour cuire, quand même elles auroient été conservées pendant deux mois dans la serre. Les animaux les mangent crues ; mais pour l’usage de la table elles sont plus saines étant cuites.

» J’exhorte fort les cultivateurs à ne point négliger la culture de cette plante ; outre qu’elle est très utile pour toute espèce de bétail, elle est encore d’une grande ressource dans les années de disette, pour la nourriture des hommes. Quand on est accoutumé à cette nourriture, elle plaît au goût, autant au moins que les navets, et surtout si l’on fait cuire ces pommes avec un peu de lard et du porc salé. Il est étonnant combien on en fait de consommation dans les Isles angloises et même dans plusieurs provinces de France[1]. On en peut retirer une farine très blanche, laquelle mêlée avec celle du froment, fait d’assez bon pain. J’en ai mangé où il n’était entré de farine de froment que ce qui avoit été nécessaire pour faire lever la pâte ».

Ajoutons immédiatement ici les lignes qui terminent le même chapitre, dans l’édition que Duhamel du Monceau a fait paraître du même ouvrage en 1779.

« M. Parmentier est même parvenu à en faire du pain assez bon, sans aucune addition de farine de grain. Mais ces opérations pé-


  1. — Cette allégation de Duhamel du Monceau est très instructive.