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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

ainsi ouverte ne s’arrête plus. La radicule se ramifie dans le sol, et chacune de ses radicelles, pourvues de poils celluleux absorbants, s’enfonce dans la terre humide, à la recherche d’éléments nutritifs, pendant que la tigelle s’élève peu à peu à son tour, laissant apparaître successivement ses premières feuilles végétatives par formation alternante.

Lorsqu’on suit, sur cette plantule de Pomme de terre, la croissance de la jeune tige et de ses feuilles, on constate un phénomène singulier : c’est que ces premières feuilles affectent une forme extrêmement simple et ne rappellent, en aucune façon, les feuilles complexes que l’on connaît pour être celles de la Pomme de terre. Si l’on suit l’apparition de ces feuilles primordiales, on constate que la première est presque similaire aux feuilles cotylédonaires, la seconde un peu plus large que la première, la troisième plus large encore mais arrondie ; puis on voit les quatrième et cinquième feuilles s’arrondir et, le plus souvent, la sixième feuille présenter deux petites échancrures. En continuant cet examen, on s’aperçoit que la septième feuille devient trifoliolée, avec une foliole terminale de plus grande dimension ; que les huitième et neuvième feuilles développent cinq folioles dans le même ordre, et qu’enfin, sur la dixième feuille une ou deux foliolules se montrent à la base des cinq folioles précédentes. Dans le même temps, la base de la tige a émis dans le sol des prolongements souterrains ou stolons, qui se renflent sensiblement à leur extrémité pour donner naissance à de petits tubercules dont le volume s’accroît peu. Il en résulte qu’au commencement de l’automne, si le semis a été fait au printemps, la plantule de Pomme de terre n’a accompli qu’une première période de formation, et que ses tubercules de première année lui sont nécessaires pour arriver la seconde année à son état adulte, c’est-à-dire pour développer une tige plus forte et plus élevée, des feuilles végétatives complètes, et terminer cette tige par une cyme de fleurs capables de fructifier, en même temps pour produire sur ses stolons des tubercules de grosseur normale[1].


  1. — C’est du moins ainsi que les choses se passent d’ordinaire. Exceptionnellement, la plantule peut fleurir et fructifier. La variété Kornblume, dans un semis de Mars, en serre, nous a donné un pied, qui repiqué en plein air, fin Avril,