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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE



raissaient mous et avaient l’apparence de ceux qui avaient été arrachés avant la maturité. En suivant avec soin l’arrachage dans les champs, M. Prillieux remarqua que les pieds qui portaient des tubercules mous présentaient une altération considérable de la partie inférieure de la tige. Ces tiges avaient été rongées en terre. L’écorce avait été d’abord attaquée en certains points et détruite jusqu’au bois, puis la décomposition s’était propagée et avait gagné toute la tige. L’animal qui avait causé ces lésions lui avait paru être un iule de couleur blanchâtre et marqué sur les côtés d’une ligne de
Fig. 86 et 87. — Tylenchus devastatrix Kühn, mâle et femelle, d’après MM. Debray et Maupas. (Grosst 100/1)
taches pourpres : il avait été déjà observé par M. Guérin-Méneville et rapporté par lui au Iulus guttulatus de Fabricius. M. Prillieux avait trouvé fréquemment ces animaux, tant dans les tiges rongées que dans les tubercules à germes filiformes qui étaient demeurés en terre depuis le printemps sans pousser. Il croyait donc pouvoir admettre que les lésions produites sur la portion souterraine des tiges avait eu pour conséquence l’arrêt de développement des tubercules qui restaient mous au moment de la récolte, et ne donnaient au réveil de la végétation que des germes grêles et trop faibles pour produire de nouveaux pieds.

La Pomme de terre compte encore d’autres ennemis dans le Règne animal, qui çà et là appellent l’attention des observateurs. Ainsi, en 1888, M. J. Kühn a signalé à Halle, en Allemagne, des effets assez singuliers résultant du développement excessif d’une Anguillule. La présence de cette Anguillule dans les tubercules de Pommes de terre aurait produit une sorte de pourriture vermiculaire. Cette espèce d’Anguillule paraîtrait être identique avec le Tylenchus devastatrix, qui cause de notables ravages sur le Seigle, l’Avoine et le Sarrasin. Elle vivrait aux dépens de la fécule des tubercules dans lesquels elle se multiplierait, et produirait dans la pulpe des tâches noirâtres, assez semblables à celles qui sont le résultat de l’action parasitaire du Cham-