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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

mides, et qu’elle se serait déclarée dans ces conditions biologiques désavantageuses, certaines années trop pluvieuses peut-être. Elle ne serait héréditaire qu’en raison de l’atrophie des tubercules, incapables de produire des plantes vigoureuses, surtout dans des sols ingrats.

Comme Bonjean le disait, cette maladie a occupé l’attention en Angleterre. Voici ce que nous trouvons sur ce sujet, dans l’Encyclopédie du Jardinage[1] de Loudon (1828) : « La maladie appelée Curl (ou Frisolée) s’est montrée sur plusieurs points, en Angleterre, extrêmement fâcheuse et grave. Elle a donné matière à beaucoup de discussions : ce serait une tâche ingrate que de faire connaître toutes les opinions différentes qui ont été émises à ce sujet ». Il en est certainement toujours ainsi, lorsqu’on ignore la cause première d’un mal dont on ne constate que les effets. Quoi qu’il en soit, du reste, d’après les renseignements qu’a bien voulu nous donner récemment M. Arthur Sutton, le Curl ne semble pas préoccuper actuellement les cultivateurs anglais : cette maladie ne se développerait que dans certaines cultures, où l’on a fait usage des tubercules-semence de provenance américaine.

Nous avons été amené à découvrir assez singulièrement la cause de cette maladie de la Frisolée. Des tubercules qui présentaient dans leur parenchyme, des taches roussâtres, parfois brunâtres, tout en conservant leur fermeté ordinaire, nous laissaient dans le doute sur l’origine du mal, car les cellules tachées n’offraient à l’examen microscopique ni filaments de mycélium de Champignon, ni Microcoques, Bactéries ou Bacilles quelconques. Que signifiaient donc ces taches et quel parasite les produisait ?

En 1853, dans un petit volume intitulé : Les maladies des Pommes de terre, des Betteraves, des Blés et des Vignes, Payen disait qu’il avait remarqué, à la suite d’une très grave maladie des Betteraves, qui avait, aux environs de Valenciennes, fait perdre 20 millions de kilogrammes de sucre, que les racines malades étaient envahies par une substance organique, rousse orangée, d’une consistance muqueuse, qui produisait les effets du parasitisme. Cette observation n’attira pas autrement l’attention, parce que Payen lui-même ne paraissait pas se douter qu’il s’agissait réellement d’un organisme,

  1. Encyclopædia of Gardening.