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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

d’hui, nous ne pouvons nous rendre compte de cette émotion bien naturelle : le fléau est parfois combattu avec succès, ses ravages se sont atténués ; il semble qu’on ait réussi à lui faire sa part, qu’on peut compter se mettre à l’abri de ses attaques par l’emploi de variétés de Pommes de terre plus résistantes ou par l’emploi de traitements appropriés, et qu’enfin le connaissant mieux on le redoute moins. Mais d’où venait cette affection nouvelle, cette Maladie des Pommes de terre ? Les documents ne nous manqueront pas pour en écrire l’histoire.

Nous trouvons dans la Collection des Mémoires de la Société d’Agriculture de l’État de New-York, année 1845, un Mémoire de M. Andrew Bush, du Comté de Chester, auquel un prix fut décerné, et qui nous fait connaître le début de cette Maladie aux États-Unis. Nous en traduisons les extraits suivants.

« Au printemps de 1843, j’avais un acre de terre fort argileuse, couverte de chaumes de blé. Je le fis préparer et j’y plantai des Pommes de terre. La saison fut favorable à leur développement, en Mai et en Juin, avec plusieurs fortes pluies en Juillet, suivies en Août d’un temps très sec. La dernière semaine d’Août, je remarquai que les Pommes de terre étaient à point et je commençai à les déterrer. La récolte fut terminée dans la première semaine de Septembre. Le temps changea alors : de grosses et fréquentes averses furent suivies de fortes chaleurs et de nuits étouffantes, si bien que pendant deux semaines le sol était trop humide pour qu’on pût faire rentrer les Pommes de terre. À ce moment, la maladie commença à se manifester. Tous mes plus proches voisins en souffrirent. Plusieurs même ne récoltèrent pas un tubercule sain. Du reste, soit qu’on ait laissé les Pommes de terre sur le sol, soit qu’on les ait transportées dans les granges ou les celliers, l’état fermentescible de la maladie s’est déclaré et a achevé la destruction de la plus grande partie de la récolte.

« J’ai remarqué que tous ceux qui avaient planté des Pommes de terre malades, provenant de cette récolte, en avaient plus ou moins perdu en 1844. De même, la semence de 1844 a produit la maladie sur une certaine étendue en 1845, tandis qu’au contraire mes plantations faites avec des tubercules sains n’ont pas été attaquées… »

L’auteur du Mémoire caractérise en ces termes cette maladie :