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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

l’auteur avait observé un Botrytis, en particulier sur la variété appelée Blanche tardive dans le Département du Nord.

« Examinée à l’œil nu, disait Demazières, la feuille, encore d’un beau vert sur une certaine étendue de sa surface, offre des taches brunâtres, plus pâles à la face inférieure qui est couverte, quelquefois presque entièrement, d’un léger duvet blanc et d’apparence pulvérulente. Vus au microscope, les filaments sont parfois dichotomes, mais le plus souvent irrégulièrement rameux et cloisonnés à de longs intervalles. Çà et là ils présentent des renflements qui les font paraître comme noueux. Les rameaux, en petit nombre, sont la plupart alternes, plus ou moins longs, et principalement situés à la partie supérieure de la tige. L’angle qu’ils forment avec elle est à peu près de 45 degrés. Le sommet des rameaux est renflé et présente des sortes de corps turbinés ou arrondis, qui me paraissent de jeunes corps reproducteurs. Ces spores sont ovales et munies d’une double membrane, et contiennent une matière granuleuse, souvent accompagnée d’une sorte de nucléus transparent et d’apparence oléagineuse. Lorsqu’elles sont séparées du rameau, on remarque qu’elles sont ovales et munies aux deux extrémités d’une très petite protubérance, plus large et tronquée cependant au point d’insertion ».

Desmazières avait donné à ce Champignon le nom de Botrytis fallax. Ce nom n’a pu lui être conservé, parce que le Dr  Montagne lui avait déjà donné le nom de Botrytis infestans, ce qui du reste est conforme à la loi de priorité qui régit les dénominations scientifiques.

Avec la découverte de ce Champignon parasite, l’histoire de la Maladie de la Pomme de terre va entrer dans une phase nouvelle. La question va se poser de savoir si ce Botrytis devait être considéré comme étant la cause ou simplement l’effet de cette maladie, si l’on avait affaire à un véritable parasite destructeur ou à l’une de ces Moisissures, de ces Mucédinées, qui se développent sur les tissus végétaux mortifiés, pour en achever la destruction. On conçoit tout l’intérêt qui s’attachait à cette question, puisque dans le premier cas il y avait lieu de chercher à protéger la plante nourricière, la Pomme de terre, contre les attaques du parasite, tandis que dans le second on pouvait penser n’avoir affaire qu’à une maladie organique de la plante, qu’il fallait traiter par des moyens