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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

duction de Pommes de terre maladives. Ce n’est pas le seul fléau qui nous soit arrivé du Nouveau-Monde. Aux États-Unis, le Botrytis a sévi en 1844, et cette année-ci il a reparu et a anéanti de nouveau presque toutes les plantations de Pommes de terre. Les nouvelles d’Amérique sont aussi déplorables que celles d’Europe. Une lettre de M. William Bacon, datée du Mont Osceola, le 22 Juin 1845, donne des détails précis sur le fléau qui fit irruption au Canada en 1844 et y détruit encore toutes les cultures.

» Le Champignon est la cause du mal : Parce que depuis deux siècles qu’on cultive la Pomme de terre, les mêmes influences de température et d’humidité se sont présentées sans le fléau actuel ; parce que le Champignon, dans son premier état, paraît avec l’invasion de la maladie, et qu’avant sa présence on ne voit rien qui indique une plante malade ; parce que si on prend la graine du Champignon et qu’on la sème sur une plante saine, ou qu’on l’introduise sous sa peau, cette plante devient malade ; parce que partout où l’air peut pénétrer librement, les graines de ce Champignon peuvent voltiger, et qu’ainsi des Pommes de terre que j’ai vu cette année cultiver dans des chambres, sous de douces températures, avec une humidité réglée, n’en ont pas moins été attaquées…

» Je le sais bien ; quand une Pomme de terre est pourrie, on y trouve plus qu’un Botrytis. Celui-là a souvent disparu alors qu’on voit des Moisissures d’autres espèces, des vers, des larves, des vermines de tout genre. Cela n’est pas plus extraordinaire que de trouver des vers et des mouches dans de la viande corrompue. Ces vers et ces mouches y sont, parce qu’ils y sont venus, et non parce que la viande corrompue les a créés.

» Le Botrytis croît et périt vite. Pour naître, croître, se reproduire et mourir promptement, ses attaques n’en sont pas moins léthifères…

» Les corpuscules du Botrytis qui peuvent le reproduire s’attachent aux tubercules comme à toute la plante. Quand donc on plante ces tubercules, on met en terre avec eux le germe du mal, et bientôt la fane, en montant, porte ce germe sur les feuilles où le Champignon se développe et se reproduit de nouveau ».

Charles Morren indique ensuite plusieurs moyens de combattre la gangrène humide et d’empêcher son retour. Il conseille de fau-