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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

poussière blanche, et sa propagation est si rapide qu’en trois ou quatre jours au plus de vastes champs sont dévastés et la récolte du précieux tubercule anéantie… Ce sont les terrains argileux et les lieux les plus déclives, et conséquemment les plus humides, dans lesquels s’est propagée le plus rapidement la maladie en question… Quant aux effets délétères de ce parasite, il est difficile de les peindre mieux que ne l’a fait M. Morren, dans le Journal belge L’Indépendant, article qui a été reproduit par le Journal des Débats du 21 Août dernier. La maladie et ses causes y sont en effet bien exposées, et si ce savant eût pris la peine de nommer et de décrire le végétal microscopique qui cause tous ces ravages, il ne nous serait absolument rien resté à ajouter à tout ce qu’il nous a déjà dit. Cependant M. Morren dit dans sa Note avoir retrouvé sur les tubercules mêmes la Mucédinée qui envahit la face inférieure de toutes les feuilles de la plante. Nous n’avons rien observé de semblable…

» Mais ayant été à même d’étudier pendant sa vie le Botrytis qui fait le sujet de cette communication, nous croyons que les Mycologues nous sauront gré de compléter la Note de M. Morren en l’introduisant dans la science sous le nom malheureusement trop mérité que nous lui avons imposé tout à l’heure.

» Botrytis infestans. (Suit la diagnose latine dont voici la traduction) : Touffes lâches, étalées, blanches, quelque peu ramifiées au sommet, à rameaux noueux çà et là, plus ou moins dressés, à spores solitaires latérales et terminales, ovoïdes ou elliptiques, grandes, subapiculées, concolores, à noyau granuleux ».

Il est donc équitable d’attribuer à Charles Morren la découverte du Champignon parasite de la Pomme de terre, de son action nocive sur la plante et ses tubercules, de son extraordinaire propagation par les agents atmosphériques, et de reconnaître que Montagne lui a donné le premier un nom scientifique qu’il a accompagné d’une diagnose pour le caractériser. Mais il est utile de faire remarquer ici que ce Botrytis infestans, qui sera plus tard mieux connu et mieux nommé, est un parasite destructeur qui altère gravement les tissus de la plante nourricière qu’il a envahie, sans presque laisser d’autre trace de son passage que des éléments de mortification. C’est ainsi que les tubercules attaqués ne décèlent pas à l’œil nu la présence de ce parasite, alors que d’autres espèces de Cham-