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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

passant dans l’axe. Le plateau fut maintenu sous une cloche dans un air presque saturé d’humidité, à une température de 20 à 28° c. Au bout de huit jours, on n’apercevait aucun signe de transmission ; quatre jours plus tard un changement s’était manifesté à la surface de l’une des sections du tubercule coupé : cette section paraissait sèche et blanche comme de la fécule en poudre ; les débris des cellules se retrouvaient parmi cette masse blanche inerte. Au delà et sur la limite de la masse blanche se sont retrouvés des organismes de couleur orangé fauve, semblables à ceux qui semblent représenter la tête des Champignons. Ici l’invasion du parasite s’est faite sans contact direct… »

Il est surprenant que Payen n’ait pas reconnu que cette végétation fongique orangée n’avait aucun rapport avec le Botrytis infestans. Le Dr Eugène Robert, dans une autre expérience qu’il fait connaître ; en 1845, à la Société centrale d’Agriculture, avait réussi à la rendre un peu plus concluante.

« J’ai arraché, écrivait-il, des Pommes de terre malades et parfaitement saines, et après avoir coupé les unes et les autres en deux, j’ai appliqué les moitiés saines sur les moitiés malades et les ai enterrées ainsi accolées ou sous forme de tubercules coupés. Je viens de constater, au bout de huit jours, que la maladie s’était transmise, La moitié saine offrait çà et là dans tout son contour et à la surface de la partie coupée, de petits gonflements brunâtres, de un à deux millimètres d’épaisseur, qui, examinés à la simple loupe, m’ont paru être le résultat de l’isolement ou de soulèvement des grains de fécule, par suite de la présence d’un tissu aréolaire tout particulier qui les enveloppe ».

Malgré tout, il faut bien avouer que toutes ces tentatives d’inoculation étaient peu probantes, d’autant plus que plusieurs autres mal conduites, qui avaient été faites en vue de vérifier les résultats énoncés par Morren sur la facilité d’infection des feuilles, des tiges et des tubercules de la plante, n’avaient pas non plus abouti. Ces échecs semblèrent donner gain de cause à l’opinion contraire d’une affection météorique. Decaisne, partisan déclaré d’une maladie spéciale, publia en 1846 une réfutation de l’opuscule de Morren, sous le titre de Histoire de la maladie de la Pomme de terre en 1845. Dans cet ouvrage, Decaisne s’efforça d’apporter à l’appui d’une thèse qu’il croyait être l’expression de la vérité, tous