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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

sente lettre deviendrait inutile. En effet, quoique les termes dans lesquels cette Note est rédigée puissent donner à penser que j’embrasse le sentiment de M. Morren, je vous proteste, comme je l’ai fait alors, qu’il n’en est absolument rien, et que, à l’égard du Botrytis infestans, je suis incertain aujourd’hui, et même aujourd’hui plus que jamais, s’il est la cause de la maladie ou seulement un accident concomitant résultant de l’affection pathologique des feuilles. Tous les mémoires qui ont été publiés et que j’ai lus m’ont laissé dans le même doute philosophique. Le seul but que je me suis proposé a donc été de faire connaître botaniquement et d’enregistrer dans la science, le Champignon, cause ou effet de la maladie en question. »

Enfin, Duchartre ajoute ce qui suit, à la suite d’Observations faites dans la Grande-Bretagne sur la Maladie des Pommes de terres. « Dans deux Notes insérées dans le Gardener’s Chronicle, M. Berkeley se montre très porté à assigner un rôle important au Champignon parasite dont M. Montagne a reconnu l’existence dans la Pomme de terre malade, et qu’il a nommé Botrytis infestans. Mais, des lettres, écrites tout récemment par l’habile Mycologue anglais à M. Montagne, et dont ce dernier savant a bien voulu nous donner connaissance, montrent que M. Berkeley a modifié sa première manière de voir, et qu’il est maintenant disposé à chercher la cause première de la maladie ailleurs que dans la Mucédinée parasite[1] ».

Et, en effet, il ne va plus être question pendant un certain nombre d’années du Botrytis infestans, alors que tous les ans on con-

  1. Ce qui explique la divergence des opinions émises en 1845, c’est qu’on ne connaissait pas les causes efficientes des autres maladies (Frisolée, Gangrènes sèches et humides) qui sévissaient en même temps que la maladie nouvelle. Decaisne, en étudiant des tubercules malades, n’avait pu y découvrir les filaments mycéliens du Botrytis. Il se refusait donc à croire, avec raison, à l’action nocive de ce Champignon. Les Mycologues contemporains ont fini de même par se ranger à son opinion. Il a fallu que des observations précises aient permis plus tard de constater le rôle parasitaire : 1o de ce Botrytis ou Phytophtora ; 2o des Bactériacées ; 3o enfin de ce Pseudocommis, parasite tout récemment connu, pour distinguer nettement les différentes altérations que peuvent subir les tubercules de Pommes de terre. Cette distinction a une grande importance aux points de vue scientifique et économique, car ce serait vainement chercher des remèdes au mal que de le faire sans en connaître d’abord les véritables causes.