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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

tant, car la chaleur et l’humidité, la nature du sol, la sécheresse, les fumiers, etc. peuvent agir sur la maladie pour l’arrêter ou l’aggraver.

VI. Existe-t-il des moyens pour détruire les spores du Champignon et par suite pour circonscrire la maladie.

— M. Von Holle reconnaît qu’il conviendrait d’abord d’empêcher par tous les moyens la propagation du Champignon. Mais quels moyens employer pour agir sur le sol, sur la plante, sur les tubercules ? Il s’est servi sans résultat de l’eau de chaux, d’une forte lessive de cendres de bois, et même d’une solution de potasse. Il croit qu’il serait bon de continuer des essais de ce genre.

N’est-il pas singulier de constater que jusque-là aucun expérimentateur n’ait réussi à faire germer les spores de ce Peronospora ? Dans quelles conditions pouvait donc s’effectuer cette germination ? Car, enfin, il n’y avait pas à douter que la propagation du Champignon ne pouvait avoir lieu que par ce moyen, et par quel secret la nature arrivait-elle à faire partout ce qu’il était impossible d’obtenir dans les préparations du laboratoire ? Pour comprendre la succession des faits qui devaient enfin faciliter cette découverte, il nous faut remonter à l’année 1807. Bénédict Prévost publiait alors à Montauban, un travail fort curieux surtout pour son époque, intitulé Mémoire sur la cause immédiate de la Carie ou Charbon des blés. Dans ce mémoire, l’auteur décrit la germination de la Spore d’une Rouille blanche du Pourpier (Uredo Portulacæ de De Candolle qui est devenu le Cystopus Portulacæ de Léveillé). Voici ce qu’il avait observé. « Une ou deux heures après l’immersion de cette spore, par une température de 12 à 16° Réaumur, l’extrémité la plus grosse et la plus convexe s’ouvre de manière que le tout ressemble à une bouteille dont une bonne partie du col aurait été enlevée. Bientôt on voit paraître au dehors un globule immédiatement suivi de 3, 4, 5 ou 6 autres, qui se réunissent au moment même, en un peloton, et qui se meuvent quelque temps ensemble, le peloton se balançant ou tournant horizontalement sur lui-même, ou roulant dans le liquide. Les globules se séparent ensuite pour l’ordinaire, mais quelquefois ils demeurent tous réunis… Ils ne laissent pas plus de doute sur leur nature animale que la plupart des animalcules que l’on a appelés Infusoires… Petit à petit le mouvement de ces globules se ralentit ; ils se fixent tôt