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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

davantage. Quoi qu’il en soit, le parasite peut fructifier abondamment sur ces petites tigelles, et, par conséquent, se propager dans la nouvelle saison par des conidies provenant du mycélium vivace. La faculté du mycélium d’être vivace explique donc comment le Peronospora qui en est doué peut revenir au printemps ou en été, quand même ses organes reproducteurs sont incapables de vivre pendant l’hiver…

» Quand on sème le Peronospora infestans sur des feuilles saines de Pommes de terre, les germes entrent au travers de l’épiderme, le mycélium se répand dans le tissu du point ensemencé, et, au bout de quelques jours, il y produit des fruits. Le tissu envahi par le parasite conserve d’abord son vert gris, plus tard il devient un peu jaunâtre ; quand les conidies ont atteint leur maturité, le tissu se teint en vert sale, se ramollit, puis prend une couleur noirâtre et se dessèche ou se pourrit. La tache noirâtre est ainsi formée. Les tubes du mycélium qui y sont contenus meurent avec l’altération signalée du parenchyme ; mais ceux qui, dans la périphérie de la tache, touchent le parenchyme sain, s’étendent dans celui-ci pour lui faire subir les mêmes altérations qui viennent d’être indiquées. C’est ainsi que le mycélium prend un développement centrifuge, et que ce développement détermine une extension pareille des taches noirâtres. Quand on examine des fanes prises d’un champ quelconque, on y trouve toujours le même développement du parasite et la même extension des taches. Toujours le mycélium occupe d’abord le tissu vert et sain, qui, la fructification du parasite étant achevée, se ramollit et brunit. On ne peut donc pas douter que les taches des feuilles ne soient produites par le parasite qui y est entré. Et quant à la propagation rapide de la maladie, elle s’explique d’elle-même par la grande quantité de sporanges que le parasite produit et par la rapidité de son développement, ainsi qu’il a été dit plus haut… Il est vrai que les sporanges et les zoospores du parasite ont besoin d’eau pour prendre leur développement normal ; mais ces résultats de l’expérience s’accordent très bien avec ce qu’on observe dans les grandes cultures, où les progrès de la maladie sont toujours d’autant plus rapides que le temps et l’exposition du champ favorisent mieux les précipitations aqueuses de l’atmosphère, tandis que la sécheresse arrête le développement du parasite et les progrès de la maladie….