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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

rents. Si donc l’on plantait dans le sol ces tubercules tout à fait sains, les sporanges produiraient leurs germes, ceux-ci pénétreraient dans quelques-uns de ces tubercules, et le mycélium se développerait lui-même dans leur intérieur. On en a la preuve au moyen d’expériences fort simples et depuis longtemps bien connues.

» C’est ainsi que le Champignon vivant qui a survécu l’hiver a deux voies à suivre pour se développer, et qu’il peut se trouver dans les champs, avec la semence. La dernière que nous venons d’indiquer est peut-être la plus ordinaire ; en tous cas, c’est la plus à redouter, parce que, malgré le plus grand soin qu’on peut apporter dans le choix de la semence, on ne peut avoir la certitude d’avoir évité les germes de la maladie.

» Dans les deux cas, le Champignon est placé dans la terre avec le tubercule, et là il ne peut plus le quitter : le Champignon doit cesser de vivre et se détruire dans et avec le tubercule, à moins qu’il n’ait réussi à monter dans la tige jusqu’au feuillage et à attaquer celui-ci…

» J’ai déjà appelé l’attention sur cet autre fait que les tubercules renfermant le Phytophtora, lorsqu’ils germent, émettent assez souvent des pousses dans lesquelles passe le Champignon en sortant du tubercule. Dans ce cas, le Champignon, d’une croissance assez lente, finit par tuer les pousses qui, du reste, pour la plupart, dénotent toujours qu’elles se trouvent dans un état maladif. Or, ces mêmes tubercules, comme on le sait, peuvent également émettre des pousses saines. J’ai fait connaître de plus que, dans des circonstances spéciales, le Champignon dans ces pousses malades peut développer des sporanges qui deviennent ultérieurement des centres d’infection de la maladie. Et ceci ne résulte pas de simples conjectures, mais de faits réels constatés dans des expériences. Cependant, ces observations n’avaient pas été faites dans les champs, en plein air, mais dans le laboratoire, et je n’avais pas pu les confirmer, pas plus qu’elles ne l’avaient été par d’autres, en plein air, dans les champs. La question était donc de savoir si ces résultats ne pouvaient être obtenus qu’artificiellement, ou bien s’il était possible de les constater réellement enr plein champ, question qui ne devait se résoudre que par expérience. En conséquence, en 1874, en poursuivant les recherches que j’avais entreprises à