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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

l’instigation du Conseil de la Société royale d’Agriculture de Londres, j’ai expérimenté dans le jardin. Une Pomme de terre, avec une pousse assez bien développée et contenant le Phytophtora, y fut plantée au milieu d’autres Pommes de terre qui présentaient un feuillage vigoureux et sain. La pousse malade était décolorée en de certaines places le long de la tige, mais elle n’en continua pas moins à croître pendant quelque temps ; les parties brunes périrent peu à peu et graduellement, et se desséchèrent complètement ; mais l’infection ne se propagea pas sur les plantes voisines, qui demeurèrent saines pendant tout l’été, bien que plusieurs tiges saines se fussent trouvées en contact direct avec la pousse malade. L’examen microscopique fit voir que cette pousse malade contenait cependant le Phytophtora : placée dans un air humide sous une cloche de verre, elle développa des sporanges, alors qu’en plein air on n’en avait observé aucun. Et pourtant, durant cette expérience, le temps ne fut pas trop sec.

» Ce résultat négatif ne laissa pas que de me faire douter de la valeur de ma première assertion, et je fis part de ce doute à M. Jenkins, secrétaire de la Société.

» Toutefois, cet insuccès dans une expérience si délicate ne pouvait servir de base pour juger définitivement la question. Je me décidai, en conséquence, à répéter l’expérience, cette année (1875). Dans le mois de mars, cinquante Pommes de terre saines environ furent inoculées sur les yeux avec des sporanges frais. Aucune preuve certaine ne permit de constater si l’infection avait eu lieu : le résultat final montra toutefois qu’elle avait réussi dans beaucoup de cas, mais non dans tous. Le 2 avril, on planta les tubercules dans de la terre ordinaire de jardin, disposée dans un châssis ouvert à l’air, c’est-à-dire dans une sorte de jardin minuscule qui, pour la facilité des soins à lui donner, se trouvait ainsi clôturé. Les tubercules émirent des pousses d’une manière normale ; certains mêmes, reconnus pour être malades, produisirent sans aucun doute un feuillage sain. L’un d’eux, un Kidney rouge, se distinguait particulièrement des autres, car les six pousses qu’il avait émises au-dessus du sol restaient dans un état pitoyable. Le 12 mai, ces pousses avaient bruni : je coupais l’une d’elles et l’examen microscopique me permit de constater qu’il renfermait le champignon vivant ; du reste, la présence du parasite dans le tubercule se