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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

culté germinative. M. Jensen recommanda, par suite, de désinfecter par ce procédé les tubercules de semence, et montra par des expériences comparatives que cette désinfection pouvait être complète, que le nombre des pousses produites par les tubercules désinfectés était égal, sinon supérieur à celui des pousses des tubercules non désinfectés, et qu’enfin les tubercules chauffés étaient ceux qui poussaient le plus rapidement. Ainsi, d’après l’agronome danois, grâce à l’emploi du buttage de protection, à l’arrachage tardif, à un emmagasinage convenable, on obtiendrait une bonne conservation des Pommes de terre, et par la désinfection on réussirait à ne plus voir les tubercules développer le parasite. « Mais rappelons-nous, dit M. Jensen, qu’à l’arrachage, en automne, on laisse toujours dans la terre, par mégarde ou par négligence, quelques tubercules parmi lesquels il restera certainement quelques malades, et ces malades formeront de nouveaux foyers d’infection. D’ailleurs, la maladie pourrait être introduite par les pays voisins. Nous ne saurions donc compter sur l’anéantissement complet du mal, même si la désinfection était pratiquée d’une façon absolue et générale ».

Soit que les procédés de M. Jensen aient paru peu réalisables ou coûteux, ils ne furent guère mis en pratique par les cultivateurs, qui, du reste, n’aiment pas les innovations utiles, qu’on leur conseille d’introduire dans leurs cultures. Puis bientôt, on chercha à se mettre à l’abri des premières attaques du Phytophtora. On fit d’abord divers essais avec différents produits chimiques, dont les résultats furent presque insignifiants. Mais un autre parasite, très redouté sur la vigne, le Peronospora viticola qui cause le Mildew avait été arrêté dans son extension par l’emploi d’un mélange de chaux et de sulfate de cuivre. C’était presque, si l’on se le rappelle, le procédé chimique conseillé jadis par Charles Morren. Ce mélange employé soit à sec, soit délayé dans une certaine quantité d’eau, et connu sous le nom de bouillie bordelaise, produisit de très bons effets préventifs contre les attaques du Mildew. Mais la substance agissante, dans le mélange, fut reconnue comme étant surtout le sulfate de cuivre, à ce point que des échalas, badigeonnés avec des solutions du sulfate seul, produisirent une sorte de protection, sur les ceps qui les entouraient, contre les attaques du Peronospora viticola.