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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

ne doute pas qu’ils n’obtiennent en grand un succès complet, à condition d’appliquer le remède préventivement, ou du moins dès la première apparition du mal. »

Des essais n’ont pas tardé à se faire dans de grandes cultures et ces essais donnèrent également d’excellents résultats. Mais il n’est pas facile de faire prévaloir une bonne idée, même appuyée sur des faits certains, et l’Histoire de la Pomme de terre n’est pour ainsi dire que la constatation de faits de ce genre, résultant le plus souvent de la méfiance et de l’obstination des cultivateurs, réfractaires même aux résultats de l’expérience. Cependant, divers expérimentateurs ne laissèrent pas de préconiser cette méthode préventive de combattre les attaques du Phytophtora, par des aspersions cuivriques sur la tige et les feuilles de la Pomme de terre. On employa le sulfate de cuivre, soit, comme réactif précipitant, avec des cristaux de soude, pour produire la bouillie cupro-sodique, soit avec de la chaux délitée, pour obtenir la bouillie cupro-calcaire, soit avec de la mélasse, pour composer la bouillie sucrée de M. Michel Perret[1].

C’est M. Aimé Girard qui s’est le plus ardemment occupé de cette question. Il a publié, en 1892, dans son Mémoire intitulé : La lutte contre la Maladie de la Pomme de terre au moyen des composés cuivriques, des résultats d’un grand intérêt. Nous en citerons ici plusieurs passages, pour mieux faire comprendre les idées de l’auteur sur ce sujet tout d’actualité.

« Lorsque, à la suite de la campagne de 1889, j’ai publié les résultats que venaient de me fournir les premiers essais comparatifs, faits en grande culture, sur l’emploi, qu’avait conseillé M. Jouet, des composés cuivriques pour combattre la maladie de la Pomme de terre, j’ai signalé un fait important et inattendu dont les lois de la physiologie végétale ont aussitôt fourni l’explication. Ce fait, c’est celui de l’augmentation du poids de la récolte lorsque

  1. — Voici les proportions indiquées :

    Bouillie bordelaise : Eau, 100 litres ; sulfate de cuivre, 2 kilos ; chaux, 2 kilos.

    Bouillie bourguignonne : Eau, 100 litres ; sulfate de cuivre, 2 kilos ; cristaux de soude, 3 kilos.

    Bouillie Michel Perret : Eau 100 litres ; sulfate de cuivre, 2 kilos ; chaux, 2 kilos ; mélasse, 2 kilos. Cette dernière paraît résister mieux que les autres à l’action des pluies.