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SA CULTURE


III. — HYBRIDATIONS ET FÉCONDATIONS CROISÉES.


Nous avons expliqué, dans un Chapitre précédent, comment se trouve organisée la fleur de la Pomme de terre ou du Solanum tuberosum. Au centre de ses deux enveloppes, le calyce et la corolle, s’élèvent cinq étamines presque soudées ensemble, formant une sorte de colonne creuse dans l’intérieur de laquelle passe le style qui se termine au-dessus des anthères en un stigmate arrondi, verdâtre. Les anthères présentent ce caractère particulier, qui est du reste commun à toutes les anthères des fleurs des espèces du genre Solanum, de s’ouvrir au sommet par deux pores : chacun de ces orifices permet aux grains de pollen de s’échapper de chaque loge de l’anthère pour arriver sur le stigmate ; mais ce phénomène ne peut s’accomplir qu’au fur et à mesure que les grains de pollen, par l’effet de l’action solaire, se trouvent élevés successivement, à leur maturité, jusqu’au pore terminal par lequel s’effectue leur sortie. Bien que la séparation des grains polliniques ou leur isolement les uns des autres n’exige qu’un temps assez court, ils ne se trouvent pas tous simultanément prêts pour la fécondation. Il en résulte une certaine difficulté pour en obtenir une grande quantité lorsqu’on veut pratiquer des fécondations artificielles, c’est-à-dire porter directement sur des stigmates en état d’être fécondés, le pollen, extrait des anthères mûres. On est contraint, pour assurer le succès de l’opération, de s’adresser à un assez grand nombre d’anthères, ce qui permet de réunir la quantité de grains de pollen nécessaire pour en couvrir totalement le stigmate. D’un autre côté, lorsqu’on ne tient pas à favoriser simplement la fécondation des fleurs d’une même variété par son propre pollen, il faut empêcher le pollen de la fleur à féconder d’agir de lui-même sur le stigmate. Pour cela, avant l’ouverture des pores des anthères, on détache les cinq étamines de cette fleur pour ne lui laisser que le pistil avec le calyce et la corolle. Cette opération exige beaucoup de soins pour ne pas blesser, lors de cette castration, le stigmate, le style et l’ovaire. Puis, lorsque l’on juge que le stigmate est arrivé à l’époque ordinaire de la fécondation, on y porte les grains de pollen primitivement recueillis, ce qui peut se faire délicatement avec un petit