Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/49

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qu’il en soit, il convient de noter ce que nous a appris Claude Gay, comme un des renseignements les plus probants sur l’histoire de l’origine de la Pomme de terre.

D’ailleurs, Weddell, dont la haute compétence en ces matières ne saurait être méconnue, va appuyer de nouveaux arguments l’opinion de cette origine chilienne. Dans sa Chloris Andina, ou Flore de la région alpine des Cordillères de l’Amérique du Sud (1855-1857), ce savant explorateur fait suivre, des observations suivantes, sa description du Solanum tuberosum.

« Habitat. — Chili : lieux incultes, dans les parties centrales des Cordillères de Talcarêgué et de Cauquenès. Cultivé dans presque toute l’étendue des Andes, dans les régions froides et tempérées.

» Je n’ai jamais rencontré, au Pérou, le S. tuberosum dans des circonstances telles qu’il ne me restât aucun doute qu’il y fût indigène ; je déclare même que je ne crois pas davantage à la spontanéité d’autres individus de cette espèce rencontrés de loin en loin sur les Andes extra-chiliennes et regardés jusqu’ici comme en étant indigènes. Quand on réfléchit que dans l’aride Cordillère, les Indiens établissent souvent leurs petites cultures sur des points qui paraîtraient presque inaccessibles à la grande majorité de nos fermiers d’Europe, on comprend qu’un voyageur visitant par hasard quelqu’une de ces cultures depuis longtemps abandonnée, et y rencontrant un pied de S. tuberosum qui y a accidentellement persisté, le recueille dans la persuasion qu’il y est réellement spontané. Mais où est la preuve ?

» En définitive, après avoir lu avec quelque attention ce qui a été dit sur l’origine de la Pomme de terre, je suis porté aussi à présumer que sa véritable patrie est plutôt le Chili que le Pérou. Il ne peut y avoir de doute que la culture de la Pomme de terre au Pérou ne date de fort loin, puisqu’à l’époque de la conquête, on en trouvait dans toutes les parties tempérées de l’Amérique occidentale, du Chili à la Nouvelle-Grenade et même au Mexique, et je suis fort tenté de croire que c’est partout la même espèce ; car bien que la Pomme de terre que l’on cultive sur les hauts plateaux du Pérou soit caractérisée par une certaine âcreté et résiste mieux à la gelée que celle que nous connaissons, il ne paraît pas y avoir dans les caractères botaniques proprement dits de raisons suffisantes pour la considérer comme espèce distincte plutôt que