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36 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

comme simple race. Peut-être la Papa amarga des Péruviens est-elle le produit de la plante décrite par Dunal sous le nom de Solanum immite, mais ses caractères distinctifs sont assez faibles, lorsqu’il s’agit de plantes cultivées. »

Nous arrivons à une période de notre histoire, où la question d’origine de la Pomme de terre, bien que généralement admise en faveur du Chili, va devenir plus problématique en ce sens que le zèle de nouveaux explorateurs va leur permettre de recueillir des spécimens assez voisins du Solanum tuberosum pour les identifier avec lui, et cela dans de tout autres régions américaines que le Chili méridional. Voyons déjà ce que dit à ce sujet A. de Candolle, dans sa Géographie botanique raisonnée (1855).

« Ruiz et Pavon, fait remarquer A. de Candolle, disaient avoir trouvé le Solanum tuberosum sur les collines des environs de Chancay, ville de la côte du Pérou. Pavon écrivait plus tard à Lambert : « Le S. tuberosum croît sauvage aux environs de Lima, à quatorze lieues de cette ville, sur la côte ; je l’ai trouvé moi-même au Chili. » Pavon envoya à Lambert des échantillons de la plante sauvage du Pérou. On peut douter cependant que ce fût bien le S. tuberosum, car l’espèce ainsi nommée par Pavon dans l’herbier de M. Boissier est, suivant M. Dunal, une espèce voisine (très voisine) de la Pomme de terre, son Solanum immite[1].

»… Meyen (Grundriss der Pflanzengeographie) dit avoir trouvé deux fois la Pomme de terre sauvage sur les Cordillères du Chili et du Pérou ; mais il n’avait rapporté d’échantillons que de celles du Chili (Nees, Act. Acad. nat. cur.).

»… Une occasion m’a permis d’étudier le Solanum verrucosum[2], en grand. Il a été introduit dans l’agriculture d’un village du pays de Gex, près de Genève, par de simples cultivateurs, qui l’avaient reçu du Mexique, et qui le multipliaient, en 1850-1851, comme exempt de maladie. Les tubercules en sont tardifs, plus petits que ceux du S. tuberosum, d’un goût excellent, de chair jaune ; les tiges sont multiples d’un même tubercule, très droites, et sont


  1. — A. de Candolle ajoutera plus tard (Origines des plantes cultivées, 1883) ces mots : « J’ai vu l’échantillon authentique et n’ai aucun doute que ce ne soit une espèce distincte du S. Tuberosum. »
  2. — C’est une autre espèce voisine du S. Tuberosum, mais tout à fait distincte.