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SON INTRODUCTION EN EUROPE 79

» On la propage généralement au moyen de ses tubercules qui produisent beaucoup lorsqu’ils sont plantés dans un sol convenable. Le mode ordinairement suivi consiste à planter les petits tubercules coupés en morceaux, en conservant sur chaque morceau un bourgeon ou un œil ; mais cette méthode n’est pas celle que je croirais devoir recommander, car lorsqu’on plante de très petits bourgeons, ils produisent d’ordinaire un grand nombre de tubercules, mais ceux-ci sont toujours petits ; quant aux morceaux des gros tubercules, ils sont sujets à pourrir, surtout si le temps devient humide aussitôt après qu’ils ont été plantés[1]. Je recommanderais plutôt de faire choix des plus beaux tubercules pour la plantation, et de leur consacrer un plus grand espace de terre, tant entre les rangées que dans les rangées mêmes, entre chaque plant : j’ai remarqué que, par cette méthode, l’automne suivant, on récolte en général de gros tubercules.

» Le sol dans lequel la Pomme de terre réussit le mieux, est une terre grasse, légèrement sablonneuse, ni trop sèche, ni trop humide : cette terre doit être bien labourée deux ou trois fois, afin d’en rompre et diviser toutes les parties ; plus profondément elle sera labourée, d’autant mieux se développeront les tubercules. Au printemps, juste avant le dernier labour, on étendra sur la terre une grande quantité de fumier consommé, qu’on enfouira dans le sol par ce labour au commencement de Mars, si la saison se montre douce ; autrement il conviendra de ne le faire que vers la fin de ce mois : car s’il survenait une forte gelée après la plantation des tubercules, ils pourraient en souffrir gravement, sinon même être détruits. Mais le plus tôt qu’on les plantera au printemps, une fois la crainte de la gelée passée, ce sera le mieux, surtout dans les terres sèches. Après le dernier labour, on aplanira le sol et on tracera alors les sillons à trois pieds de distance les uns des autres, et d’une profondeur d’environ sept à huit pouces. Au fond de chaque sillon, on placera les tubercules un à un, à la distance d’environ un pied et demi ; puis on remplira le sillon avec la terre qu’on en avait retirée, et l’on continuera de même dans toute l’étendue du champ ou de la parcelle de terre où l’on s’est proposé de faire cette plantation.

  1. — Il convient de prendre note de cette utile observation de Miller.