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82 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

récoltera sera le mieux, après que la tige sera fanée. Lorsqu’on entassera ces tubercules, on les recouvrira d’une grande quantité de sable ou de terre sèche, pour empêcher leur échauffement ; il ne faudra pas non plus en faire de trop gros tas pour la même raison.

« Les jardiniers des potagers et les fermiers qui résident dans le voisinage de Manchester cultivent une grande quantité de Pommes de terre, parce que les habitants de cette ville populeuse en consomment abondamment et en sont beaucoup plus amateurs que de toute autre plante alimentaire : il en est résulté une sorte d’émulation parmi ces cultivateurs qui s’efforcent de se devancer les uns les autres, en procurant dans la saison le plus tôt possible des tubercules dans un état convenable pour la table. Dans le but d’arriver à ce résultat, ils ont fait choix des tubercules qui produisent leurs fleurs les premiers, et les ont laissés mûrir leurs graines qu’ils ont semées avec grand soin. Or les plantes ainsi obtenues ont généralement été plus précoces que les autres ; et en répétant souvent ce système, ils ont si bien augmenté la précocité des tubercules qu’ils sont arrivés à en tirer parti deux mois après la plantation. C’est ainsi que l’on pourrait apporter de grandes améliorations, en appliquant cette méthode à la culture d’autres plantes alimentaires, surtout lorsqu’elle serait employée par des personnes curieuses et soucieuses de faire des expériences. »

Après la lecture de ce document, qui nous montre à quel degré de perfectionnement en était déjà arrivée la culture de la Pomme de terre en Angleterre, on pourrait se demander ce qu’il en était alors de cette culture en Irlande. Nous trouvons une sorte de réponse à cette question dans un passage que nous extrayons du Récit du voyage qu’avait fait en Irlande Arthur Young, de 1777 à 1779. L’humoristique agronome s’exprime, en effet, comme il suit, d’après la traduction Millon.

« La nourriture du paysan irlandais, qui consiste en Pommes de terre et en lait, a été citée plus d’une fois comme une preuve de l’extrême pauvreté du pays ; mais c’est, je crois, une opinion adoptée avec plus de légèreté que de réflexion Si quelqu’un doute de l’abondance comparative de la nourriture d’un paysan anglais et d’un paysan irlandais, qu’il fasse attention à leurs mets : l’économie avec laquelle l’Anglais mange son pain et son fromage est