Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

construites selon le modèle de celles de M. Palteau, ont une partie de leurs inconvéniens, excepté ceux du surtout, puisqu’elles n’en ont point. Leur principal défaut est de n’être composées que de deux hausses d’une trop grande capacité ; dans la taille, on peut enlever une partie du couvain qui ne sera pas sorti des cellules, en ôtant la hausse supérieure : pour éviter ce danger, il faudroit attendre que les abeilles eussent rempli la hausse inférieure, afin que le couvain de la dernière ponte eût le tems d’éclore, pendant celui où elles auroient travaillé : s’il arrivoit qu’elles fussent très-laborieuses, que la récolte fût abondante, leur hausse inférieure seroit remplie, que le couvain ne seroit pas sorti des cellules ; en différant de tailler la ruche pour ménager le couvain, on feroit perdre aux abeilles un tems précieux, & elles s’abandonneroient à l’oisiveté.

Les ruches de M. de Boisjugan ont l’avantage de ne pas constituer dans une dépense considérable, quand on veut monter un rucher. La paille dont elles sont faites entretient dans l’habitation des abeilles, pendant l’hiver, une chaleur que les ruches en bois, plus sujettes à l’humidité, ne procurent point ; en été elles sont plus fraîches, parce qu’elles s’échauffent plus difficilement que le bois. Il est vrai qu’elles exposent les abeilles & leurs provisions, aux incursions des rats & des souris, qui peuvent les percer en très-peu de tems, & faire bien des ravages parmi elles. Leur forme voûtée est très-incommode pour détacher une hausse de l’autre ; il reste toujours sur la partie convexe de celle qui est devenue la supérieure après la taille, de la cire, du miel qui coulent des gâteaux qu’on est obligé de couper ou d’arracher ; ce qui attire les abeilles voisines, & celles de la même ruche : c’est-là un très-grand inconvénient, parce qu’elles perdent leur tems en s’amusant à ramasser ce miel. Les guêpes, les frélons peuvent aussi y être attirés ; la ruche a beau être recouverte par un surtout qui n’est qu’en paille, avides du miel, elles peuvent se glisser par-dessous ; & si l’adresse ne leur suffit pas pour y pénétrer, elles sont capables d’entrer de force dans la ruche, de surprendre les abeilles, & de causer beaucoup de désordres parmi elles. Ces hausses, malgré tous les soins qu’on prend, ne sont pas toujours exactement unies ; les abeilles, comme on sait, bouchent toutes les ouvertures avec la propolis ; comment les détacher, puisque leur forme voûtée ne permet pas de se servir du fil de fer ? M. de Cuinghien, en donnant un figure plate à ses ruches, a remédié à cet inconvénient.

Les ruches de M. Schirach ne sont propres que pour former des essaims artificiels : la forme de leur construction ne convient point pour élever les abeilles, dont on ne pourroit prendre les provisions qu’en levant le couvercle, qui est en forme de porte ; la cire & le miel qui se trouveroient au-dessous de la galerie, pourroient difficilement être renouvelés, parce que c’est la partie où la famille est élevée.

Les ruches de Wildman ont les mêmes avantages que celles qui