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ont composées de plusieurs hausses ; puisque, au moyen des coulisses qu’elles ont à leur couvercle, on peut augmenter l’habitation des abeilles, & entretenir leur ardeur pour le travail ; elles sont très-commodes pour leurs ouvrages, & pour s’emparer d’une partie de leurs provisions, sans qu’on les expose à aucun péril, ainsi que la famille qu’elles élèvent. Il est fâcheux que la matière dont elles sont construites, ne mette point les abeilles assez à couvert des dégâts que les souris peuvent faire dans leur habitation. Celles de Mahogany sont ingénieusement faites, pour satisfaire la curiosité des personnes qui desirent observer les abeilles, les voir travailler à la construction de leurs édifices, & profiter en même-tems d’une petite partie du fruit de leurs travaux.

Les ruches qui réunissent le plus d’avantages, relativement au profit qu’on peut faire des abeilles, sont celles qu’emploie M. du Carne de Blangy, qui sont composées de plusieurs hausses quarrées, faites en bois. Elles ne sont point un objet de grande dépense, quand il est nécessaire de monter un rucher, puisqu’elles ne coûtent pas plus de 36 à 38 sols. L’épaisseur des planches, qui n’est que de cinq ou six lignes, ne suffiroit pas pour garantir les abeilles de la rigueur du froid, si elles y étoient exposées ; aussi est-on obligé de les placer sous un rucher. Quand on n’en a point, on peut y suppléer, en les mettant en hiver dans quelqu’endroit fermé. On pourroit les couvrir d’un surtout, qui seroit de deux pièces égales, qui formeroit deux espèces de boîtes, qu’on mettroit l’une sur l’autre, & qui, par ce moyen, ne seroit point incommode, comme le sont ceux de M. Palteau ; mais un rucher moins dispendieux, quand on a un nombre considérable de ruches, est préférable à tout cela.

Quoique le sieur Ravenel n’ait pas absolument rempli son objet dans la construction de ses ruches, qui étoit de se dispenser de veiller à la sortie des essaims, en leur offrant des logemens tout près de leur mère, il est certain que les deux premières années ils n’ont pas besoin d’avoir une autre habitation, à moins qu’ils ne multiplient extraordinairement : il est probable qu’en augmentant d’un tiers, environ, la capacité des cabinets, on seroit, pendant plusieurs années, exempt des soins de préparer des logemens aux essaims, qui en trouveroient d’assez vastes à côté de la mère. Cette espèce de ruche est très-commode pour s’emparer des richesses des abeilles, qui ignorent le vol qu’on leur fait ; il seroit bon, cependant, que le cabinet du milieu fût disposé de façon qu’on pût le mettre de côté, pour renouveler la cire au moins tous les deux ans, afin qu’elle ne contractât pas une mauvaise qualité qui pourroit nuire aux abeilles. Quelques petits changemens faits avec précaution, & dirigés par l’expérience, peuvent rendre ces ruches très-utiles, & commodes pour soigner les abeilles sans beaucoup de peine.

Les ruches de M. de Gélieu sont préférables à toutes celles dont nous venons de donner la description, lorsqu’on veut former des essaims par le partage des ruches. Les